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Aventure en Guyane
à l’époque où la jungle était intacte

10 ans de vie de Robinson en Guyane à une époque ou la Jungle était encore intacte et témoignage sur sa destruction.

Le continent perdu
Article mis en ligne le 2 juillet 2016
dernière modification le 27 octobre 2021

par Vincent Eblinger

Auteur :

Percy Fawcett

Résumé :

Les huit expéditions de Percy Harrison Fawcett au cœur de l’Amazonie constituent l’une des plus extraordinaires aventures du XXe siècle. Colonel de la British Army, prototype de l’explorateur anglais à la fois visionnaire et flegmatique, Fawcett s’était juré - sur la foi d’anciennes chroniques portugaises et d’indications d’un voyant - de retrouver les ruines d’une ancienne cité de l’Atlantide enfouie dans les ténèbres de la jungle brésilienne. Sa découverte, dans le sud-ouest du Mato Grosso d’un immense plateau rocheux cerné de falaises inaccessibles, devait inspirer à Sir Arthur Conan Doyle... (Sources : http://editions.flammarion.com/ ).

En 1925, le Co­lo­nel Faw­cett, ac­com­pa­gné d’un de ses fils et un ami, ef­fec­tuait son der­nier voyage d’ex­plo­ra­tion dans les pro­fon­deurs de la jungle bré­si­lienne, porté par une ob­ses­sion, la dé­cou­verte de my­thiques cités pré­co­lom­biennes. On ne les revit ja­mais. De­puis, leur de­ve­nir reste une énigme. Ont-​ils été tués par des in­di­gènes ? Frap­pés de folie ? Ce sont-​ils vo­lon­tai­re­ment cou­pés du monde ? L’his­toire a forgé la lé­gende, et vice-​ver­sa. Hergé ne pen­se­ra à per­sonne d’autre que Faw­cett lorsque dans l’Oreille Cas­sée ap­pa­raît Rid­ge­well, ex­cen­trique vieillard à la tête de la tribu Arum­baya. Des ré­cits du co­lo­nel an­glais, Sir Ar­thur Conan Doyle of­fri­ra à la lit­té­ra­ture un de ses meilleurs écrits, le Monde Perdu, di­rec­te­ment ins­pi­ré d’un ter­ri­toire vierge dé­crit avec pas­sion par l’ex­plo­ra­teur. Le livre qui suit re­prend en grande par­tie le jour­nal du Co­lo­nel Faw­cett, de son pre­mier contact avec la Bo­li­vie à sa der­nière lettre avant que la jungle ne l’avale. Cer­taines his­toires de­vant res­ter in­ache­vées, nous n’en sau­rons bien sur pas da­van­tage sur le de­ve­nir du Co­lo­nel et de son équipe. À ce sujet, son deuxième fils, Brian Faw­cett, qui ferme l’ou­vrage, ne peut qu’émettre des hy­po­thèses et four­nir des té­moi­gnages plus ou moins fiables.
S’il est un peu frus­trant de lire Le Conti­nent Perdu en sa­chant per­ti­nem­ment qu’il ne ré­sou­dra rien, le jour­nal de cet homme hors du com­mun n’en reste pas moins un for­mi­dable do­cu­ment d’époque. Am­biance Fitz­car­ral­do pour cette pein­ture en temps réel de pays en proie à l’ex­ploi­ta­tion et à la mi­sère. Si les conquis­ta­dores croyaient dé­bar­quer au Pa­ra­dis, Faw­cett, dans son pé­riple, casse le mythe. La mort, les ma­la­dies, la pau­vre­té ex­trême, la fa­mine, l’al­coo­lisme et la vio­lence forment le pain quo­ti­dien de contrées vi­vant en se­mi-​in­dé­pen­dance, presque en­tiè­re­ment ré­gies par un tout jeune mar­ché du ca­ou­tchouc. Mais le noir s’es­tompe lorsque le Co­lo­nel, de moins en moins à l’aise avec ses sem­blables, se mêle aux au­toch­tones. Les peu­plades qu’il ren­contre, ci­vi­li­sées ou non, le pas­sionnent. Qu’il croise d’af­fables Pé­ru­viens ou de vin­di­ca­tifs "sau­vages", sa plume gagne sou­dain en style, en élé­gance et l’ou­vrage n’en de­vient que plus in­té­res­sant. Car il faut bien le dire, le Conti­nent Perdu n’est pas vrai­ment un mo­nu­ment de dé­pay­se­ment et d’ex­plo­ra­tion ten­due. C’est là tout ce qui sé­pare l’his­toire vraie du roman. Car le livre est un jour­nal, re­la­tant au jour le jour des évé­ne­ments vécus di­rec­te­ment par son au­teur qui, vi­si­ble­ment, a cou­ché sur le pa­pier ce qui lui sem­blait utile, gar­dant le reste pour lui. Dé­ve­lop­pe­ment ou ex­pli­ca­tions par­fois trop som­maires, per­son­nages -​par­don, per­sonnes-​ qui ap­pa­raissent sans in­tro­duc­tion préa­lable, iti­né­raire géo­gra­phique fas­ti­dieux à suivre...Faw­cett, par dé­fi­ni­tion le plus concer­né par ses propres aven­tures, n’a pas res­sen­ti le be­soin de tout re­trans­crire avec force dé­tails. Tout ce qu’il ju­geait su­per­flu au­rait pour­tant bien aider le lecteur à s’im­mer­ger dans ces notes. Dans le même ordre d’idée, non­obs­tant quelques des­crip­tions en­flam­mées, Faw­cett n’avait vi­si­ble­ment pas en tête que son jour­nal se­rait lu cent ans plus tard, et se garde bien de tout sen­sa­tion­na­lisme. Quelque part, c’est tout à son hon­neur, mais le grand fris­son n’est pas vrai­ment là.
Si le re­cueil dé­gage un doux par­fum d’El­do­ra­do, si le Co­lo­nel Faw­cett, cé­dant par­fois à l’émo­tion et au ly­risme, dé­clare son amour pour ces terres in­hos­pi­ta­lières, des terres qu’il ap­prit à connaître et res­pec­ter, il ne doit ce­pen­dant être lu qu’en connais­sance de cause. Un ou­vrage fai­sant au­jourd’hui of­fice de cours d’his­toire, qui n’était pas for­cé­ment pré­vue pour la pu­bli­ca­tion, d’où se dé­gage l’au­to­por­trait d’un homme pour­sui­vant une quête tou­chant un peu à l’ob­ses­sion. Si Faw­cett était vi­si­ble­ment moins ra­ciste et avait des idées moins ar­rê­tées que cer­tains de ses contem­po­rains, le Conti­nent Perdu de­mande éga­le­ment un peu d’in­dul­gence face à cer­taines ex­pres­sions ty­pique de ces an­nées là. Le mot "nègre" y abonde. Les in­diens de la forêt vierge sont des "sau­vages". Faw­cett aura tou­te­fois la fi­nesse de ne pas s’épan­cher pa­trio­ti­que­ment sur la guerre de 14-18 et d’y por­ter un re­gard neutre, guerre à la­quelle il par­ti­ci­pa pour­tant ac­ti­ve­ment.
Contrai­re­ment aux es­pé­rances de Brian Faw­cett, la dis­pa­ri­tion de son père reste tou­jours un mys­tère ir­ré­so­lu. Le Conti­nent Perdu en­core une fois n’ap­porte pas de ré­ponses, mais sou­lève bien des ques­tions. Percy Faw­cett connais­sait la jungle et ses dan­gers. Il ne pré­pa­rait pas ses ex­pé­di­tions à la lé­gère. Le res­pect et la pru­dence qu’il adop­tait face aux po­pu­la­tions in­di­gènes lui avaient per­mis de nouer quelques contacts cha­leu­reux. Ses der­niers écrits laissent voir un homme en­tê­té mais lu­cide. Alors à notre tour, en­tre­te­nons la lé­gende et au diable l’ex­tra­va­gance : et si, là-bas au Bré­sil, Faw­cett avait dé­cou­vert quelques choses ? (sources : www.krinein.com/livres/ )

Avis :

Sans remettre en cause le nombre des expéditions de Fawcett et les conditions dans lesquelles il les a menées, il y a trop d’affabulations et d’exagérations qui font qu’à force, je me suis désintéressé au livre. Où est la vérité, comment faire le tri dans ce qu’ila réellement vécu et fait et ce qui est né de son imagination ?

C’est d’autant plus dommage que ça partait bien, avec une bonne description du La Paz de l’époque, retranscrivant aussi bien l’ambiance de la ville elle-même que les modes de vie de ses habitants, et les conditions de vie dans la forêt, autour du commerce du caoutchouc, à cette époque. Mais à partir du premier tiers du livre, ça devient redondant, les itinéraires sont difficiles à suivre, tout tourne autour de la violence et de l’alcool et surtout, ça va trop loin, entre les serpents de 20 mètres, les chiens à deux museaux, les monstres... tout est exagérément grand, trop grand, trop gros... On est à l’opposé d’un Crevaux qui décrit avec honnêteté et sans exagération ce qu’il voit en s’intéressant à tout, là où Percy Fawcett ne décrit qu’au jour le jour, son itininéraire, ses arpentages et les énormités qu’il invente ou a soi-disant entendus, sans égaler un Carvajal dans le côté inventif, mais c’est déjà trop pour moi. J’ai eu du mal à finir le livre, pas agréable.

Au-delà de ces exagérations, j’ai trouvé le style descriptif de l’auteur lourd et répétitif, même si dans le dernier tiers du livre on y gagne avec moins d’exagérations. Sur l’histoire elle-même, je m’étonne qu’en l’absence de preuves tangibles, l’auteur, malgré son expérience du milieu, ait embarqué dans "sa folie" son propre fils et l’ami de celui-ci alors qu’il connaissait les risques pour avoir croisé nombre de dangers et morts dans ces contrées pendant des années auparavant... Étonnant aussi que tant d’autres partent à leur recherche et n’en reviendront pas non plus, laissant la part belle aux mythes et légendes : ont-ils été tués, sont-ils prisonniers d’une tribu, Fawcett est-il devenu le roi d’une tribu, après avoir découvert "Z" ?...

Un projet de film avec Brad Pitt est actuellement en cours.

Éditeur :

Pygmalion

Année : 1991