Auteur :
Percy Fawcett
Résumé :
Les huit expéditions de Percy Harrison Fawcett au cœur de l’Amazonie constituent l’une des plus extraordinaires aventures du XXe siècle. Colonel de la British Army, prototype de l’explorateur anglais à la fois visionnaire et flegmatique, Fawcett s’était juré - sur la foi d’anciennes chroniques portugaises et d’indications d’un voyant - de retrouver les ruines d’une ancienne cité de l’Atlantide enfouie dans les ténèbres de la jungle brésilienne. Sa découverte, dans le sud-ouest du Mato Grosso d’un immense plateau rocheux cerné de falaises inaccessibles, devait inspirer à Sir Arthur Conan Doyle... (Sources : http://editions.flammarion.com/ ).
En 1925, le Colonel Fawcett, accompagné d’un de ses fils et un ami, effectuait son dernier voyage d’exploration dans les profondeurs de la jungle brésilienne, porté par une obsession, la découverte de mythiques cités précolombiennes. On ne les revit jamais. Depuis, leur devenir reste une énigme. Ont-ils été tués par des indigènes ? Frappés de folie ? Ce sont-ils volontairement coupés du monde ? L’histoire a forgé la légende, et vice-versa. Hergé ne pensera à personne d’autre que Fawcett lorsque dans l’Oreille Cassée apparaît Ridgewell, excentrique vieillard à la tête de la tribu Arumbaya. Des récits du colonel anglais, Sir Arthur Conan Doyle offrira à la littérature un de ses meilleurs écrits, le Monde Perdu, directement inspiré d’un territoire vierge décrit avec passion par l’explorateur. Le livre qui suit reprend en grande partie le journal du Colonel Fawcett, de son premier contact avec la Bolivie à sa dernière lettre avant que la jungle ne l’avale. Certaines histoires devant rester inachevées, nous n’en saurons bien sur pas davantage sur le devenir du Colonel et de son équipe. À ce sujet, son deuxième fils, Brian Fawcett, qui ferme l’ouvrage, ne peut qu’émettre des hypothèses et fournir des témoignages plus ou moins fiables.
S’il est un peu frustrant de lire Le Continent Perdu en sachant pertinemment qu’il ne résoudra rien, le journal de cet homme hors du commun n’en reste pas moins un formidable document d’époque. Ambiance Fitzcarraldo pour cette peinture en temps réel de pays en proie à l’exploitation et à la misère. Si les conquistadores croyaient débarquer au Paradis, Fawcett, dans son périple, casse le mythe. La mort, les maladies, la pauvreté extrême, la famine, l’alcoolisme et la violence forment le pain quotidien de contrées vivant en semi-indépendance, presque entièrement régies par un tout jeune marché du caoutchouc. Mais le noir s’estompe lorsque le Colonel, de moins en moins à l’aise avec ses semblables, se mêle aux autochtones. Les peuplades qu’il rencontre, civilisées ou non, le passionnent. Qu’il croise d’affables Péruviens ou de vindicatifs "sauvages", sa plume gagne soudain en style, en élégance et l’ouvrage n’en devient que plus intéressant. Car il faut bien le dire, le Continent Perdu n’est pas vraiment un monument de dépaysement et d’exploration tendue. C’est là tout ce qui sépare l’histoire vraie du roman. Car le livre est un journal, relatant au jour le jour des événements vécus directement par son auteur qui, visiblement, a couché sur le papier ce qui lui semblait utile, gardant le reste pour lui. Développement ou explications parfois trop sommaires, personnages -pardon, personnes- qui apparaissent sans introduction préalable, itinéraire géographique fastidieux à suivre...Fawcett, par définition le plus concerné par ses propres aventures, n’a pas ressenti le besoin de tout retranscrire avec force détails. Tout ce qu’il jugeait superflu aurait pourtant bien aider le lecteur à s’immerger dans ces notes. Dans le même ordre d’idée, nonobstant quelques descriptions enflammées, Fawcett n’avait visiblement pas en tête que son journal serait lu cent ans plus tard, et se garde bien de tout sensationnalisme. Quelque part, c’est tout à son honneur, mais le grand frisson n’est pas vraiment là.
Si le recueil dégage un doux parfum d’Eldorado, si le Colonel Fawcett, cédant parfois à l’émotion et au lyrisme, déclare son amour pour ces terres inhospitalières, des terres qu’il apprit à connaître et respecter, il ne doit cependant être lu qu’en connaissance de cause. Un ouvrage faisant aujourd’hui office de cours d’histoire, qui n’était pas forcément prévue pour la publication, d’où se dégage l’autoportrait d’un homme poursuivant une quête touchant un peu à l’obsession. Si Fawcett était visiblement moins raciste et avait des idées moins arrêtées que certains de ses contemporains, le Continent Perdu demande également un peu d’indulgence face à certaines expressions typique de ces années là. Le mot "nègre" y abonde. Les indiens de la forêt vierge sont des "sauvages". Fawcett aura toutefois la finesse de ne pas s’épancher patriotiquement sur la guerre de 14-18 et d’y porter un regard neutre, guerre à laquelle il participa pourtant activement.
Contrairement aux espérances de Brian Fawcett, la disparition de son père reste toujours un mystère irrésolu. Le Continent Perdu encore une fois n’apporte pas de réponses, mais soulève bien des questions. Percy Fawcett connaissait la jungle et ses dangers. Il ne préparait pas ses expéditions à la légère. Le respect et la prudence qu’il adoptait face aux populations indigènes lui avaient permis de nouer quelques contacts chaleureux. Ses derniers écrits laissent voir un homme entêté mais lucide. Alors à notre tour, entretenons la légende et au diable l’extravagance : et si, là-bas au Brésil, Fawcett avait découvert quelques choses ? (sources : www.krinein.com/livres/ )
Avis :
Sans remettre en cause le nombre des expéditions de Fawcett et les conditions dans lesquelles il les a menées, il y a trop d’affabulations et d’exagérations qui font qu’à force, je me suis désintéressé au livre. Où est la vérité, comment faire le tri dans ce qu’ila réellement vécu et fait et ce qui est né de son imagination ?
C’est d’autant plus dommage que ça partait bien, avec une bonne description du La Paz de l’époque, retranscrivant aussi bien l’ambiance de la ville elle-même que les modes de vie de ses habitants, et les conditions de vie dans la forêt, autour du commerce du caoutchouc, à cette époque. Mais à partir du premier tiers du livre, ça devient redondant, les itinéraires sont difficiles à suivre, tout tourne autour de la violence et de l’alcool et surtout, ça va trop loin, entre les serpents de 20 mètres, les chiens à deux museaux, les monstres... tout est exagérément grand, trop grand, trop gros... On est à l’opposé d’un Crevaux qui décrit avec honnêteté et sans exagération ce qu’il voit en s’intéressant à tout, là où Percy Fawcett ne décrit qu’au jour le jour, son itininéraire, ses arpentages et les énormités qu’il invente ou a soi-disant entendus, sans égaler un Carvajal dans le côté inventif, mais c’est déjà trop pour moi. J’ai eu du mal à finir le livre, pas agréable.
Au-delà de ces exagérations, j’ai trouvé le style descriptif de l’auteur lourd et répétitif, même si dans le dernier tiers du livre on y gagne avec moins d’exagérations. Sur l’histoire elle-même, je m’étonne qu’en l’absence de preuves tangibles, l’auteur, malgré son expérience du milieu, ait embarqué dans "sa folie" son propre fils et l’ami de celui-ci alors qu’il connaissait les risques pour avoir croisé nombre de dangers et morts dans ces contrées pendant des années auparavant... Étonnant aussi que tant d’autres partent à leur recherche et n’en reviendront pas non plus, laissant la part belle aux mythes et légendes : ont-ils été tués, sont-ils prisonniers d’une tribu, Fawcett est-il devenu le roi d’une tribu, après avoir découvert "Z" ?...
Un projet de film avec Brad Pitt est actuellement en cours.
Éditeur :
Pygmalion
Année : 1991
