Bandeau
Aventure en Guyane
à l’époque où la jungle était intacte

10 ans de vie de Robinson en Guyane à une époque ou la Jungle était encore intacte et témoignage sur sa destruction.

Sur le Mahury 1979
Bagarre avec un Tamanoir
Au pied des montagnes Anglaises

Où comment j’ai couru un grand danger sans le savoir dans les bras d’un tamanoir au milieu d’éclats de rire !

Article mis en ligne le 27 juin 2016
dernière modification le 27 octobre 2021

par Christian Voillemont

En 1979, un copain du Bima, voulu acheter une caméra 8 mm par petite annonce. Nous nous rendons chez le vendeur à Cayenne qui vivait dans un joli appartement en bord de mer. Nous sympathisons et nous nous découvrons une passion commune pour la forêt et ses mystères. Nous programmons une expédition ensemble aux Montagnes Anglaises à Roura ou il y aurait les vestiges d’un fort avec une fleur de lys gravée vers 1743 et des roches gravées amérindiennes.

Armés d’une carte plus que fantaisiste, d’un vague itinéraire très imprécis et d’une boussole, nous partons avec nos filets à papillons sur l’épaule découvrir ces merveilles.

Chemin faisant, nous découvrons au milieu d’un layon un tamanoir immobile. Seule sa patte avant gauche se balance d’avant en arrière, très lentement. Nous l’observons de longues minutes et il reste là immobile le long du chemin. Malgré la joie que nous avons eue à découvrir cet animal fascinant, nous voulons le faire partir pour continuer la balade, il nous barre le chemin.

On crie, on gesticule, rien. Il reste de marbre !

J’émets l’idée saugrenue qu’il est empaillé... et par bravade je m’approche et lui colle un coup de filet à papillons sur le dos. J’ai aussi tôt réveillé la bête qui sommeillait en lui et de douces peluches sympathiques, il est passé au stade de monstre écumant de rage et il m’a chargé debout sur ses pattes arrières en grognant comme un ours et en essayant de m’attraper avec ses pattes avant ornées d’impressionnantes griffes. La scène était cocasse, la bête était contenue par un filet à papillons qui partait en lambeau et tournait autour d’un gros arbre pour attraper l’impudent qui l’avait qualifié « d’empaillé ».

Même si nous étions morts de rire, les charges de l’animal se firent plus pressantes et les camarades vociférant firent diversion mettant en déroute l’adorable monstre qui se remit dignement à quatre pattes et partit d’un pas nonchalant, non sans nous avoir jeté un dernier coup d’oeil assez noir.

Nous cherchâmes nos pierres gravées et notre fleur de lys et nous gardâmes de cette rencontre imprévue un très bon souvenir ponctué de rires à l’évocation de la charge maladroite du tamanoir et de sa mise en déroute à coup de filet à papillons. Nous ? Pas nous tous, car notre nouvel ami, le vendeur de la caméra ne cessait de nous dire qu’il s’agissait d’un animal féroce et redoutable et que nous avions échappé à la mort de peu.

Rentré à la caserne, je fis des recherches et je découvris avec stupéfaction que le tamanoir est doté d’une force extraordinaire et de griffes redoutables et que sa charge peut être mortelle. Si il vous attrape avec une de ses griffes, il vous enserre, vous plante les griffes dans la colonne vertébrale et vous étouffe, vous paralyse, vous lacère. Dans tous les cas vous en sortez très mal en point, si vous en sortez...

Depuis, lorsque je croise un tamanoir, je me montre courtois, poli et civilisé et j’évite de le traité d’empaillé !