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Aventure en Guyane
à l’époque où la jungle était intacte

10 ans de vie de Robinson en Guyane à une époque ou la Jungle était encore intacte et témoignage sur sa destruction.

En radeau sur l’orénoque

Des Andes aux Bouches du Grand Fleuve,
1881-1882 - Jules Crevaux

Article mis en ligne le 2 juillet 2016
dernière modification le 27 octobre 2021

par Vincent Eblinger

Après 5 ans à traverser l’Amazonie pieds nus entre 1876 et 1979, parcourant plus de 12000 km, Jules Crevaux récidive, accompagné cette fois de son ami Lejeanne, d’Apatou, bien sûr, et de François Burban, en voulant rejoindre les Andes à l’embouchure de l’Orénoque, essentiellement en radeau (de fortune...).

L’ouvrage est moins épais que son précédent livre (le mendiant de l’eldorado), mais on retrouve le style Crevaux, encore plus flegmatique qu’auparavant, mais un peu moins descriptif. On dirait que peu de choses le touchent ou, du moins, qu’il souhaite volontairement se borner à décrire sans trop s’engager ni être impacté moralement par ce qui l’entoure. Le livre n’en est pas moins passionnant, même si ma préférence va au mendiant de l’Eldorado.

Encore une fois, Crevaux s’attaque à une région inconnue à l’époque et, la première partie de l’expédition, 2000 km sur le Rio Guaviare !, est difficile tant pour les difficultés de navigation telles que les franchissements des raudals ou les attaques des caïmans (dont un réussira à attraper Apatou qui s’en sortira de justesse) et les réactions étonnantes et peu rassurantes des premiers Indiens rencontrés. Crevaux ne se plaint jamais ni n’ajoute aux difficultés décrites, et pourtant, il pourrait, entre la faim, les efforts physiques propres au voyage, les crises de fièvres...

La deuxième partie leur permet, sur l’Orénoque, de retourner, si on peut dire, à des lieux plus "civilisés" et de se rétablir quelque peu, mais donnera lieu à la mort tragique de François Burban, déjà fiévreux et anémié, qui succombera dans la pirogue, suite à une double piqûre de raie, au milieu d’un fleuve déchaîné.

Là aussi, malgré sa tristesse, Crevaux décrit la scène avec un certain détachement. Son ami Lejeanne est heureux de retrouver une vraie civilisation sur l’île de la Trinidad et soulagé que Crevaux, qui a selon lui senti son épuisement, le renvoie vers la métropole plutôt que de l’accompagner chez les Indiens Guaraounos qui peuplent l’embouchure de l’Orénoque. Ainsi, c’est Lejeanne qui ramènera les fruits de l’expédition à Paris : cartographie complète des régions visitées, plus de 300 dessins et photos, nombreux objets indiens, crânes...Ce même Lejeanne décrira cette expédition à partir des notes de Crevaux, ce dernier ne devant jamais revenir de sa dernière expédition dans le grand Chaco, où il sera tué par les Indiens Tobas, ne laissant aucune trace écrite de ce dernier voyage.

Excellente préface des directeurs de la série.

ISBN : 2859401245

Paris, Phébus, 1989. 189 pages, 14 x 20,5 cm, broché